
Selon une enquête de l’UFC-Que Choisir, plus de quatre médecins généralistes sur dix ne souhaitent pas être désignés par de nouveaux patients comme leur médecin traitant.
D’après un sondage rendu public le 21 novembre 2019, et réalisé par UFC-Que Choisir auprès de 2 770 généralistes, 44 % des praticiens interrogés déclarent refuser être le médecin traitant de nouveaux patients.
Ce refus est d’autant plus gênant que la fonction de médecin traitant constitue une composante essentielle du parcours de soins coordonnés. C’est lui qui est chargé d’orienter le patient vers la spécialité la plus appropriée à sa pathologie. Le parcours de soins coordonnés évite ainsi les consultations de spécialistes inutiles. Il permet également de réduire le coût des dépenses de soins. En outre, en déclarant un médecin traitant et en le consultant en amont, le patient est mieux remboursé par l’Assurance maladie et par sa complémentaire santé (dans le cadre d’un contrat solidaire et responsable).
Écarts importants entre les départements
Les généralistes refusent d’être le médecin traitant de nouveaux patients parce qu’ils estiment à 71 % avoir déjà trop de patients, et à 14 % parce qu’ils vont bientôt partir à la retraite (l’étude UFC-Que Choisir n’évoque pas les motifs de refus invoqués par les 15 % restants). Des écarts importants existent selon les départements. Si moins de 20 % des médecins généralistes refusent de nouveaux patients dans le Bas-Rhin, en Meurthe-et-Moselle et dans les Pyrénées-Atlantiques, le pourcentage grimpe à 70 % dans l’Allier, 78 % en Charente et jusqu’à 86 % en Seine-et-Marne.
Les taux de refus les plus importants ne se trouvent pas dans les « déserts médicaux », mais davantage dans les villes moyennes. Ainsi, s’il se situe à 33 % dans les communes de moins de 3 000 habitants et à 34 % dans celles de plus de 100 000 habitants, il s’élève à 52 % dans celles de 10 000 à 100 000 habitants. En réalité, plus que la taille de la ville, c’est la densité locale de généralistes qui compte.
Preuve de la conscience professionnelle des médecins : 39 % d’entre eux refusent d’être médecin traitant de nouveaux patients lorsqu’ils savent que l’offre de généralistes est nettement insuffisante (*), contre 46 % lorsque l’offre de confrères se situe dans la moyenne nationale. « Ainsi, tout se passe comme si les médecins présents dans les zones rurales, sachant que les usagers sont privés d’alternative, avaient davantage de réticence à refuser des patients, pour ne pas les laisser démunis », analyse l’UFC-Que Choisir.
Reste que l’UFC-Que Choisir déplore les niveaux importants de refus qui expliquent, selon elle, pourquoi un Français sur dix n’a pas déclaré de médecin traitant. L’association demande à Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé, de mettre fin à la « pénalisation financière (minoration des remboursements des consultations, NDLR) des usagers sans médecin traitant, devenue inique dans les nombreux territoires en pénurie de médecins ». L’association milite également pour la désignation d’office d’un médecin traitant à chaque assuré qui en fera la demande.
(*) Une offre de médecins généralistes disponible à moins de 30 minutes du domicile inférieure d’au moins 30 % à la moyenne nationale.
Source : www.quechoisir.org